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Détoxication

Il ne s'agit nullement ici de désintoxication, c'est-à-dire de neutralisation de substances nocives en utilisant des moyens thérapeutiques.

La détoxication est le processus par lequel un organisme inactive les substances toxiques d'origine interne ou externe, qui consiste, d'une part, en la réduction de l'activité pharmacologique ou toxicologique de la substance, en général par un processus enzymatique et, d'autre part, par la solubilisation de la substance, ce qui en facilite élimination rénale.

L'augmentation pharmacologique des capacités de détoxication de l'organisme est un objectif à long terme de la recherche biomédicale. La modulation des concentrations de molécules impliquées dans le métabolisme de détoxication (en particulier le glutathion et la vitamine C) font partie des objectifs de la nutrition clinique (en).

Certaines médecines traditionnelles et surtout certaines médecines non conventionnelles modernes recommandent des pratiques visant la stimulation de la détoxication, sur des bases plus ou moins rationnelles. Récemment, la mode de la cure de « détox » a connu un grand succès public, mais n'est fondée sur aucune base scientifique et n'a aucune efficacité prouvée7.

La détoxication comme processus physiologique

Physiologiquement, le métabolisme produit des substances nocives (radicaux libres, acides organiques, etc.) qui sont rendues moins toxiques par réduction et oxydation (réactions d'oxydo-réduction) et par conjugaison. La détoxication inclut également les divers phénomènes d'excrétion des molécules toxiques de l'intérieur des cellules et des tissus. Les enzymes les plus importantes dans ce métabolisme sont les cytochromes oxydases de détoxication de type P450, les UDP-glucuronosyltransférases, et la glutathion S-transférase. Pour les métaux lourds, c'est la sécrétion de chélatants qui assure leur élimination ; dans les cas d'intoxication grave, les médecins peuvent administrer des chélatants complémentaires, notamment l'EDTA.

En médecine, on parle aussi de détoxification pour le soin apporté aux patients toxicomanes7.

Pharmacologie

La pharmacologie porte un intérêt particulier à la détoxication parce que les médicaments, étant des xénobiotiques, sont généralement éliminés, comme tout corps étranger. Le sexe, l'âge, plusieurs facteurs génétiques, l'alimentation et la consommation concomitante d'autres médicaments sont autant de facteurs qui, synergiquement, modulent la détoxication et, par conséquent, la pharmacocinétique des médicaments.

La notion de « détox » d'un point de vue scientifique

Nature des toxines

L'industrie de la « détox » se fonde sur l'idée que le corps accumulerait des « toxines », soit du fait de son fonctionnement basal, soit à cause de la pollution de l'environnement, ou encore à cause des médicaments de médecine conventionnelle. Cependant, le concept populaire et industriel de « détox » n'a rien à voir avec le principe de détoxication médicale, et constitue plutôt un artefact de marketing pour différents compléments alimentaires ou produits cosmétiques.

En effet, aucun article scientifique n'a encore jamais étayé l'idée que ce genre de produits ou de traitements pourrait augmenter les capacités détoxifiantes d'un corps humain, et les interviews des promoteurs de la détox demeurent toujours extrêmement abstraits quant à la nature de ces supposées toxines. En 2009, l'organisation anglaise Sense about Science demanda aux fabricants de 15 produits « détox » de définir les toxines que leurs produits permettaient d'éliminer, mais aucune des entreprises ne fut en mesure de répondre à cette question, ni même donner une définition du terme « détox ».

Procédés de « détox »

La mode de la « détox » est d'invention relativement récente, et ne repose sur aucune base scientifique7. Il s'agit d'un simple artefact publicitaire réunissant des théories New Age, des industries parapharmaceutiques et des pseudo-sciences, disposant d'un fort pouvoir d'impact médiatique (notamment grâce à l'utilisation de figures médiatiques sans formation scientifique comme Gwyneth Paltrow ou Oprah Winfrey7). De très nombreux scientifiques se sont élevés contre cette nouvelle mode anti-scientifique dans les médias, mais ont reçu une attention médiatique plus restreinte ; en conséquence, le succès commercial déjà bien installé du concept de « détox » n'en a pas été ébranlé pour autant.

Dès 2009, le magazine Que choisir Santé dénonçait par exemple « L'intox des méthodes détox ».

Les critiques avancent que les cures de detox sont généralement dictées par des médias spécialisés sans le moindre contrôle scientifique, et que les résultats observés au niveau du bien-être quand il y en a sont principalement imputables à l’effet placebo. Sans fondements scientifiques les résultats en termes de détoxication sont peu quantifiables (notamment du fait de l'absence de toxine à quantifier) et très critiqués par les biologistes : aucune étude n'a encore pu montrer une efficacité quelconque de ces traitements sur la concentration de toxines métaboliques. Selon Edzard Ernst (professeur émérite en médecine complémentaire à l'université d'Exeter), « Il n'existe aucun mécanisme connu - et certainement pas les traitements « detox » - capable de faire en sorte que des fonctions en parfait état dans un corps sain puisse fonctionner mieux. » En revanche, le fait de passer d'une alimentation déséquilibrée à une alimentation plus rationnelle améliore évidemment l'état général des individus, sans pour autant qu'il soit question de toxines mystérieuses.

Certaines médecines traditionnelles incluent le postulat hygiéniste que la maladie survient quand l'organisme (ce qu'on appelle parfois le terrain) accumule des substances nocives à cause d'un dérèglement de ses équilibres internes. Ce principe est proche de la Théorie des humeurs qui prévalait en Europe avant l'avènement de la médecine scientifique, qui a été prouvée obsolète dès l'Ancien Régime. Par ailleurs, la notion de « toxine » n'est généralement pas présente historiquement dans ces traditions médicales, et est le fait d'un ajout récent qui s'apparente à de la récupération publicitaire.

D'un point de vue social

Les méthodes de detox font partie des pseudo-sciences, et partagent parfois avec certaines de celles-ci certaines dérives nuisibles aux victimes, notamment quand il s'agit de stages intensifs, où la manipulation mentale peut l'emporter sur l'apport de soins.

En 2010, en France, « Le rapport annuel de la mission de lutte contre les sectes (Miviludes) met en garde contre les dangers de certaines pratiques alimentaires. »

D'un point de vue métaphysique

L'essor commercial de l'idée de detox est pour certains chercheurs à rapprocher d'un fantasme purificateur de type métaphysique. La mauvaise alimentation et la pollution étant associés à des souillures, à des péchés, une ascèse permettrait ainsi de s'en laver. Ce double discours pourrait permettre d'expliquer en partie le succès populaire de ce concept pourtant si abstrait.

Source : Wikipedia

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